Se voir dans le fond de ton regard |
vendredi 26 août 2016
dimanche 21 août 2016
lundi 15 août 2016
dimanche 7 août 2016
La chèvre de Long
Lucie a 20 ans et souhaite profiter
de son premier voyage humanitaire, pour mener un petit projet, avec l'argent que sa marraine, lui a confié.
Thien, le chef du village est interrogé,
et c'est un petit garçon prénommé Long, qu'il propose d'aider.
Long |
Long a 4 ans. Son papa né avec un
retard mental très prononcé, a un visage très fermé. Sa maman
souffre d'une surdité. Elle peut difficilement s'exprimer.
Papa de Long |
Maman de Long |
Long, ses parents et Thien le chef du village |
Long vit dans la montagne, dans une
maison reculée.
Son papa s'occupe du buffle, que son frère lui a
confié. Son salaire, c'est la bouse qu'il récupère comme
engrais.
La solidarité familiale essaie de
fonctionner, mais la situation est bien compliquée, depuis que le
grand père de Long est décédé.
5 Km séparent Long de l'école, mais
c'est un RDV qu'il n'a jamais manqué. Le chemin qu'il emprunte seul, à travers la forêt, est un véritable danger. Mais il n'a pas le
choix: L'école est le seul endroit où il peut parler et où
il est certain de pouvoir manger.
Une visite à Long est programmée
avant le déjeuner. A notre arrivée, nous sommes choqués par la
misère constatée. Le papa, qui n'a jamais vu d'étrangers, ne sait
pas gérer son émotivité. Il rentre et sort de la maison sans
s'arrêter.
Au milieu de la pièce, Long est
prostré. Il n'ose plus bouger.
Nous sommes rassemblés autour d'une
tasse de thé, lorsque la maman fait son entrée. Thien explique aux voisins qui viennent d'arriver,
que nous souhaitons les aider.
Différentes idées sont évoquées, et
nous pensons qu'offrir une chèvre, est une très bonne idée. C'est un animal dont il est
facile de s'occuper et un petit élevage familial, pourra ainsi être
lancé.
Nous redescendons chez Thien pour déjeuner et
pendant que nous sommes attablés, il informe les villageois, que
nous recherchons une chèvre, à acheter.
Une famille vient d'arriver avec une
chèvre qu'elle propose de céder.
La chèvre vient d'avoir sa première
portée et 5 ou 6 autres peuvent être espérées. Le prix au kilo
est annoncé, et c'est à l'aide d'une balance à crochet, que
s'effectuera la surprenante pesée.
Nos enfants sont intrigués !
Nos enfants sont intrigués !
Comment est-il possible de peser, avec
un tel objet ?
Le prix de la bête vient d'être
calculé, et Lucie est contrariée. Elle n'a que la moitié du budget
demandé. Peu importe, l'histoire de Long nous a touchés et nous
allons tous nous cotiser pour que ce projet puisse se réaliser.
La famille de Long vient d'arriver, et à la vu de sa chèvre, le petit garçon est tout excité. Le regard
fixé sur le sol, son papa frappe sa poitrine pour nous remercier. La
maman ne peut pas parler mais un superbe sourire ne veut plus la
quitter.
Long avec sa nouvelle polaire. |
Nous sommes attristés qu'autant de
misère puisse exister, et nous souhaitons que la famille reparte, avec un
gros sac d'engrais. Pour le papa, c'est trop d'émotions à gérer.
Courbé sous ses 35 kg d’engrais, il part en courant vers la forêt.
Nous finirons par le rattraper et par l'aider à porter le précieux
sac qu'il ne veut plus lâcher.
Grâce aux vêtements que nous avions
apportés, nous avons habillé cette famille pour plusieurs années.
Le soleil va bientôt tomber, mais
nous avons encore le temps de les raccompagner.
La chèvre n'était pas très
disciplinée, mais Long a tenu à la guider tout au long du trajet.
Entre ces deux là, une belle histoire a débuté.
Thien nous a
promis de veiller sur la chèvre et de s'assurer que la vente des
futures portées puisse aider la famille de Long à sortir de son
extrême pauvreté.
Lucie et la chèvre |
La journée est terminée et il faut
maintenant rentrer. Dans nos têtes, c'est bien compliqué. Comment
quitter ce petit garçon que nous ne pourrons jamais oublier?
Long et sa maman |
Il est 20h00 et les invités de Thien
viennent d'arriver.
Même si nos cœurs ont envie de
pleurer, ce soir nous allons faire la fête, rire et chanter.
Nos
larmes attendront l’obscurité pour couler, en toute liberté.
La chèvre de Long par f1370740087
mercredi 3 août 2016
Matinée dans les rizières de Xin Chai.
Le soleil vient de se lever et
la température atteint déjà 30°. A Xin Chai, tout le monde est réveillé
et les rizières grouillent d'activité.
C'est à travers un petit sentier,
que nous rejoignons la rizière, où nous allons travailler.
Il faut
parfois sauter à grandes enjambées et s’agripper pour ne pas
tomber. Thien assure les passages compliqués.
![]() |
Thien (chef du village) |
Nous commençons par
faire des bottes avec les pousses que nous avons prélevées. Nous les transporterons ensuite, vers la parcelle où nous allons
repiquer.
La rizière est enfin à nos pieds.
Les
plus motivés foncent tête baissée. D'autres, intimidés, hésitent
à se lancer. Ils ont peur de s'enliser, de se faire piquer, grignoter les doigts de pieds ...
Au bout de quelques minutes, toutes les appréhensions sont dépassées, et nous sommes tous dans la boue, jusqu'aux
mollets.
En fin de matinée, nous sommes
courbaturés, mais heureux de les avoir aidés. Une pause bien méritée, est improvisée autour d'une tasse de thé.
Les femmes avec lesquelles nous avons
travaillé, viennent de s'éclipser...
C'est avec de nouvelles coiffes et de belles vestes
moirées, qu'elles reviendront
nous remercier.
Avant le déjeuner, nous avons une
dernière mission à mener. Thien suggère de ne pas trop tarder.
Le programme de notre journée est encore bien chargé...
Matinée dans les rizières par f1370740087
lundi 1 août 2016
Notre première soirée à Xin Chai
Thien est le chef du hameau de Xin
Chai.
Sa famille a naturellement été
désignée pour nous héberger.
Thien |
La maison de Thien est
simple, vide.
Toute la richesse est concentrée dans les sacs de riz
et d’engrais, entassés près de l'entrée. La maison n'a pas de
porte, il n'y a rien à voler.
Tous ceux qui passent à proximité,
peuvent entrer se réchauffer ou discuter autour d'une tasse de thé.
Les voisins |
De fins matelas et des couvertures sont rassemblés près du foyer
qui illumine l'obscurité. C'est le Comité Populaire qui les a
apportés.
A 12, nous serons bien serrés, dans ce petit espace
enfumé.
Malgré sa notoriété, Thien ne se
sent pas à la hauteur de notre arrivée. Il se confond d'excuses
face à sa pauvreté et au manque de confort qu'il va nous imposer.
Son épouse Truong est elle aussi
impressionnée. Elle n'a pas l'habitude d'accueillir autant
d'invités. Pour la rassurer et la soulager, les autorités ont
embauché un cuisiner réputé qu'elle n'aura qu'à seconder.
Truong |
C'est l'heure du dîner et les enfants du couple sont agités.
Leurs petites mains se jettent sur
chaque plat de viande et Thien très embarrassé, ne cesse de s'en excuser.
Nous comprenons que notre repas est un festin
auquel ils ne sont pas habitués.
A la fin de la soirée, le cuisinier
nous a demandé si nous étions satisfaits. Son diner étant plus que
parfait, nous lui avons donné un 10, à l'unanimité.
Hiep ( fils de Thien et Truong) |
Huy (fils de Thien et Truong) |
Les patriarches viennent d'arriver.
La grand mère |
Pour nous honorer, la grand mère souhaite porter sa tenue de soirée.
Elle est très belle avec la veste qu'elle a confectionnée et les bijoux dont elle a hérités.
Dans l'obscurité, le grand père l'observe avec beaucoup de fierté.
Le grand père |
Pour faire plus ample connaissance,
Thien propose de se présenter. Sa voix a changé. Nous ressentons
une étrange gravité dans les paroles qui sont prononcées.
Thien (à droite) |
Il nous raconte qu'il avait 6 ans,
quand il est tombé amoureux de la jolie Truong qui vit aujourd'hui à
ses côtés. Leur histoire d'amour aurait put être d'une extrême
simplicité, mais telle ne fut pas leur destinée.
Quand il avait 9
ans, Thien fut marié avec une jeune fille de 12 ans qu'il n'avait
jamais rencontrée. Un mariage arrangé dont il se serait bien passé.
A 15 ans, Thien s'est rebellé et a exigé que son divorce soit
prononcé. Ses parents ont cédé et payé la forte pénalité exigée
par la famille déshonorée: 600 Kg de riz blanc, 160 kg de riz
gluant, 3 cochons, 2 truies pleines et plusieurs millions de Dongs
d'indemnité.
Thien a retrouvé sa liberté mais de
son côté Truong avait été fiancée et ses parents refusaient que son
futur mariage soit déprogrammé.
Malgré les difficultés, Thien et
Truong ont continué à s'aimer en secret.
Ils avaient 23 ans quand
ils ont menacé de s'enfuir et de tout brûler si leur mariage
n'était pas célébré.
Leur volonté a fini par être exaucée
et deux petits garçons sont nés, de cette union tant désirée.
Thien et Truong |
Pendant ses jeunes années, Thien,
étudiant infirmier, passait son temps libre à aider, les écoliers
en difficulté.
Sa générosité était appréciée et quand un
nouveau chef de village dû être nommé, c'est lui qui fut désigné.
Thien est aujourd'hui un homme comblé
et un chef respecté. Il gère son village avec beaucoup d'humanité et nous sommes heureux de l'avoir rencontré.
A son tour, il veut nous écouter,
comprendre pourquoi nous souhaitons aider les enfants, à travers leur scolarité. Il nous demande si nous ne sommes pas découragés, face à
l'ampleur des difficultés. Il souhaite nos conseils pour sortir sa région de la pauvreté. Il veut nous entendre parler du bonheur de vivre dans un
pays développé...
Que répondre à ces questions
compliquées ?
Comment lui expliquer qu'il y a, ici, plus de sourires au mètre carré, que dans nos
grandes cités ?
Comment lui parler de notre actualité et de ses incivilités,
lui faire comprendre que notre société est d'une immense
complexité et que le vrai bonheur est peut être dans la simplicité,
que nous sommes venus chercher à ses côtés ?
Des voisins viennent d'arriver.
Thien
nous explique que le village n'a jamais accueilli d'étrangers et que
chaque soir, un nouveau groupe va passer.
Les invités souhaitent trinquer :
A notre santé, à notre bonheur, à notre prospérité, à notre
arrivée, à leur joie de nous rencontrer, à cette belle soirée,
aux vêtements que nous avons apportés, aux sacs d’engrais que
nous viendrons leur porter, à l'école que nous avons financée...
La maison commence à tanguer !
Dur , dur... l'alcool de manioc a du
mal à passer et c'est autour d'une tasse de thé que s’achèvera
cette première soirée.
Chaque soir, un nouveau groupe est
arrivé et nous avons trinqué, beaucoup chanté, et même parfois dansé,
pour célébrer nos nouvelles amitiés.
A la fin de cette première journée, notre
appréhension est complètement tombée et c'est bien fatigués que
sommes allés nous coucher.
La nuit fut agitée !
Tous les villageois souhaitaient voir dormir
les français, et c'est sur la pointe des pieds qu'ils ont, toute la nuit, défilés.
Dans la culture Nung'U, les femmes
dorment généralement dans un coin de la maison et les hommes dans
un autre. Nous avons donc demandé à Thien si le manque d'intimité,
culturellement imposé, n'était pas trop compliqué à gérer.
Il
nous a répondu avec un grand sourire amusé, que lorsque toute la
maisonnée était dans les bras de Morphée, tel un chat rusé,
il rejoignait sa dulcinée qu'il emportait, loin des regards
indiscrets.
Il est 5h00. Le chant du coq vient de nous réveiller.
Nous ne comprenons pas que la nuit soit
déjà terminée.
Nous sommes bien fatigués et il va nous
falloir du courage, pour nous laver à l'eau glacée, qui coule d'un
petit robinet.
Huong, Ha et Truong préparent le petit déjeuner : des
crêpes et des nouilles sautées.
Pas le temps de flemmarder, les
villageois sont déjà en train de travailler et ils attendent notre
arrivée.
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