Le soleil est à son apogée lorsque
notre bus rouge fait son entrée dans le petit village de Chien Pho
aux portes de la frontière chinoise.
Les nombreuses motos garées devant le
Comité Populaire prouvent que notre arrivée a été bien préparée.
Grâce à la mobilisation générale, notre véhicule est rapidement
déchargé et nos bagages solidement arrimés sur les deux roues qui
nous attendaient.
Une entrevue est immédiatement
organisée avec les hautes autorités et c'est autour d'une tasse de
thé que nous célébrons l'aboutissement de nos projets.
Après avoir trinqué à notre amitié,
c'est à travers des chemins escarpés que nous rejoignons la petite
école, objet de toutes nos pensées.
Au sommet d'une colline, nous
apercevons son reflet, lumineuse, éclatante d'espoir dans son écrin
de verdure.
Les caméras tremblent, les larmes
coulent, les gorges sont nouées.
Nous ne savons pas si ces larmes
signent notre joie, d'avoir mené à bien, un aussi beau projet ou
notre émotion de débuter une aventure humaine dont nous pressentons
l'intensité.
Tam, le coordinateur et photographe du
chantier vient d'arriver. Nous sommes heureux de découvrir son
visage enjoué. C'est avec beaucoup de fierté qu'il nous fait
visiter la petite école que nous avons financé. Tout est parfait
et nous ne pouvons que le féliciter. Nous sommes impressionnés par
la qualité du travail réalisé et nous repensons à la vieille
école en bois, que nous avons remplacée.
La nuit va bientôt tomber. Le moment
est arrivé de rencontrer la famille qui va nous héberger.
Nous pensons aux pots de chambre que
nous avons emportés, au sol en bambou sur lequel il va falloir
coucher, à la promiscuité qu'il va falloir gérer, à l'eau glacée
avec laquelle nous devrons nous doucher, à la mousson qui menace de
tomber, aux moustiques qui ne manqueront pas de nous piquer, aux
reptiles et aux autres bestioles que nous allons probablement
croiser... La peur à envahie nos pensées.
Nous sommes à présent dans
l'obscurité. Trop tard pour reculer. Il va falloir s'adapter!
